Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/505

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Au moment où Françoise posait son poêlon sur un coin de la table, la Mayeux, sortant de sa rêverie, remplit une cuvette d’eau et vint l’apporter au jeune forgeron, en lui disant d’une voix douce et timide :

— Agricol, pour tes mains.

— Merci, ma petite Mayeux… Es-tu gentille !…

Puis, avec l’accent et le mouvement le plus naturel du monde, il ajouta :

— Tiens, voilà ma belle fleur pour ta peine…

— Tu me la donnes !… s’écria l’ouvrière d’une voix altérée, pendant qu’un vif incarnat colorait son pâle et intéressant visage. Tu me la donnes… cette superbe fleur… que cette demoiselle si belle, si riche, si bonne, si gracieuse, t’a donnée !…

Et la pauvre Mayeux répéta avec une stupeur croissante :

— Tu me la donnes !…

— Que diable veux-tu que j’en fasse ?… que je la mette sur mon cœur ?… que je la fasse monter en épingle ? dit Agricol en riant. J’ai été très-sensible, il est vrai, à la manière charmante dont cette demoiselle m’a remercié. Je suis ravi de lui avoir retrouvé sa petite chienne, et très-heureux de te donner cette fleur, puisqu’elle te fait plaisir… Tu vois que la journée a été bonne…