Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/506

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Et ce disant, pendant que la Mayeux recevait la fleur en tremblant de bonheur, d’émotion, de surprise, le jeune forgeron s’occupa de se laver les mains si noircies de limaille de fer et de fumée de charbon, qu’en un instant l’eau limpide devint noire.

Agricol, montrant du coin de l’œil cette métamorphose à la Mayeux, lui dit tout bas en riant :

— Voilà de l’encre économique pour nous autres barbouilleurs de papier… Hier, j’ai fini des vers dont je ne suis pas trop mécontent ; je te lirai ça.

En parlant ainsi, Agricol essuya naïvement ses mains au devant de sa blouse, pendant que la Mayeux reportait la cuvette sur la commode, et posait religieusement sa belle fleur sur un des côtés de la cuvette.

— Tu ne peux pas me demander une serviette ? dit Françoise à son fils en haussant les épaules. Essuyer tes mains à ta blouse !

— Elle est incendiée toute la journée par le feu de la forge… ça ne lui fait pas de mal d’être rafraîchie le soir. Hein ? suis-je désobéissant, ma bonne mère !… Gronde-moi donc… si tu l’oses… Voyons…

Pour toute réponse, Françoise prit entre ses mains la tête de son fils, cette tête si belle de franchise, de résolution et d’intelligence, le