Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/507

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regarda un moment avec un orgueil maternel, et le baisa vivement au front à plusieurs reprises.

— Voyons, assieds-toi… tu restes debout toute la journée à ta forge… et il est tard…

— Bien… ton fauteuil… notre querelle de tous les soirs va recommencer ; ôte-le de là, je serai aussi bien sur une chaise…

— Pas du tout, c’est bien le moins que tu te délasses après un travail si rude.

— Ah ! quelle tyrannie, ma pauvre Mayeux !… dit gaiement Agricol en s’asseyant ; du reste… je fais le bon apôtre, mais je m’y trouve parfaitement bien, dans ton fauteuil ;… depuis que je me suis gobergé sur le trône des Tuileries, je n’ai jamais été mieux assis de ma vie.

Françoise Baudoin, debout d’un côté de la table, coupait un morceau de pain pour son fils ; de l’autre côté, la Mayeux prit la bouteille et lui versa à boire dans le gobelet d’argent : il y avait quelque chose de touchant dans l’empressement attentif de ces deux excellentes créatures pour celui qu’elles aimaient si tendrement.

— Tu ne veux pas souper avec moi ? dit Agricol à la Mayeux.

— Merci, Agricol, dit la couturière en baissant les yeux, j’ai dîné tout à l’heure.