Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/525

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émotions de cette soirée, que Françoise, tout occupée de Rose et de Blanche, ne s’aperçut du flamboiement du poêle qu’à la douce chaleur qu’il rendit, et bientôt après au frémissement de l’eau bouillante dans la cafetière.

Ce phénomène d’un feu qui se rallumait de lui-même n’étonna pas en ce moment la femme de Dagobert, complètement absorbée par la pensée de savoir comment elle logerait les deux jeunes filles, car, on le sait, le soldat n’avait pas cru devoir la prévenir de leur arrivée.

Tout à coup, trois ou quatre aboiements sonores retentirent derrière la porte.

— Tiens… c’est mon vieux Rabat-Joie, dit Dagobert en allant ouvrir à son chien, il demande à entrer pour connaître aussi la famille.

Rabat-Joie entra en bondissant ; au bout d’une seconde il fut, ainsi qu’on le dit vulgairement, comme chez lui. Après avoir frotté son long museau sur la main de Dagobert, il alla tour à tour faire fête à Rose et à Blanche, à Françoise, à Agricol ; puis, voyant qu’on faisait peu d’attention à lui, il avisa la Mayeux, qui se tenait timidement dans un coin obscur de la chambre ; mettant alors en action cet autre dicton populaire : les amis de nos amis sont nos amis, Rabat-Joie vint lécher les mains de la jeune ouvrière, oubliée de tous en ce moment.