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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/534

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— Mon garçon a-t-il de l’esprit ! dit-il tout bas à sa femme ; ça ne t’étonne pas, toi, tu es faite à ça.

Pendant ce temps-là l’homme cérémonieux sortit après avoir jeté un long et dernier regard sur les deux sœurs, sur Agricol et sur Dagobert.

Quelques instants après, pendant que Françoise, après avoir mis pour elle un matelas par terre et garni son lit de draps bien blancs pour les orphelines, présidait à leur coucher avec une sollicitude maternelle, Dagobert et Agricol montaient dans leur mansarde.

Au moment où le forgeron, qui, une lumière à la main, précédait son père, passa devant la porte de la petite chambre de la Mayeux, celle-ci, à demi cachée dans l’ombre, lui dit rapidement et à voix basse :

— Agricol, un grand danger te menace… il faut que je te parle…

Ces mots avaient été prononcés si vite, si bas, que Dagobert ne les entendit pas ; mais comme Agricol s’était brusquement arrêté en tressaillant, le soldat lui dit :

— Eh bien ! mon garçon… qu’est-ce qu’il y a ?

— Rien, mon père…, dit le forgeron en se retournant. Je craignais de ne pas t’éclairer assez.