Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/551

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son lit et ne ferma pas l’œil de la nuit, attendant avec angoisse que le jour parût, afin de veiller sur Agricol.

Pourtant, malgré ses vives inquiétudes pour le lendemain, elle se laissait quelquefois aller aux rêveries d’une mélancolie amère ; elle comparait l’entretien qu’elle venait d’avoir dans le silence de la nuit avec l’homme qu’elle adorait en secret, à ce qu’eût été cet entretien si elle avait eu en partage le charme et la beauté, si elle avait été aimée comme elle aimait… d’un amour chaste et dévoué… Mais songeant bientôt qu’elle ne devait jamais connaître les ravissantes douceurs d’une passion partagée, elle trouva sa consolation dans l’espoir d’avoir été utile à Agricol.

Au point du jour, la Mayeux se leva doucement et descendit l’escalier à petit bruit, afin de voir si au dehors rien ne menaçait Agricol.