Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/556

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ras marcher tantôt, je parie que je te lasse. Ah çà ! tu te feras beau, hein ! garçon ? Comme on va nous regarder !… Je parie qu’en voyant ta moustache noire et ma moustache grise on dira tout de suite : Voilà le père et le fils. Ah çà ! arrangeons notre journée :… tu vas écrire au père du maréchal Simon que ses petites-filles sont arrivées, et qu’il faut qu’il se hâte de revenir à Paris, car il s’agit d’affaires très-importantes pour elles… Pendant que tu écriras, je descendrai dire bonjour à ma femme et à ces chères petites ; nous mangerons un morceau ; ta mère ira à sa messe, car je vois qu’elle y mord toujours, la digne femme ; tant mieux, si ça l’amuse ; pendant ce temps-là nous ferons une course ensemble.

— Mon père, dit Agricol avec embarras, ce matin… je ne pourrai pas vous accompagner.

— Comment ! tu ne pourras pas ? mais c’est dimanche ?

— Oui, mon père, dit Agricol en hésitant, mais j’ai promis de revenir toute la matinée à l’atelier pour terminer un ouvrage pressé… Si j’y manquais… je causerais quelque dommage à M. Hardy. Tantôt je serai libre.

— C’est différent, dit le soldat avec un sourire de regret, je croyais étrenner Paris avec toi… ce matin ;… ce sera plus tard, car