Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/558

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je le revoyais sur cette liste, je me le rappellerais…

Deux coups frappés à la porte de la mansarde firent tressaillir Agricol.

Involontairement il pensa au mandat d’amener lancé contre lui.

Son père qui, au bruit, avait tourné la tête, ne s’aperçut pas de son émotion, et dit d’une voix forte :

— Entrez !

La porte s’ouvrit ; c’était Gabriel. Il portait une soutane noire et un chapeau rond.

Reconnaître son frère adoptif, se jeter dans ses bras, ces deux mouvements furent chez Agricol rapides comme la pensée.

— Mon frère !

— Agricol !

— Gabriel !

— Après une si longue absence !

— Enfin te voilà !…

Tels étaient les mots échangés entre le forgeron et le missionnaire étroitement embrassés.

Dagobert, ému, charmé de ces fraternelles étreintes, sentait ses yeux devenir humides. Il y avait en effet quelque chose de touchant dans l’affection de ces deux jeunes gens, de cœur si pareil et de caractère et d’aspect si différents, car la mâle figure d’Agricol faisait encore res-