Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/56

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couchée, répondit Dagobert, il se fait tard, partons ; serrez bien cette médaille… et en route ; nous avons près d’une heure de marche avant d’arriver à l’étape… Allons, mes pauvres enfants, encore un coup d’œil à ce tertre où votre brave père est tombé… et à cheval ! à cheval !

Les deux orphelines jetèrent un dernier et pieux regard sur la place qui avait rappelé de si pénibles souvenirs à leur guide, et, avec son aide remontèrent sur Jovial.

Ce vénérable animal n’avait pas songé un moment à s’éloigner ; mais en vétéran d’une prévoyance consommée, il avait provisoirement mis les moments à profit, en prélevant sur le sol étranger une large dîme d’herbe verte et tendre, le tout aux regards quelque peu envieux de Rabat-Joie, commodément établi sur le pré, son museau allongé entre ses deux pattes de devant ; au signal du départ, le chien reprit son poste derrière son maître ; Dagobert, sondant le terrain du bout de son long bâton, conduisait le cheval par la bride avec précaution, car la prairie devenait de plus en plus marécageuse ; au bout de quelques pas, il fut obligé d’obliquer vers la gauche, afin de rejoindre la grande route.

Dagobert ayant demandé, en arrivant à Mockern, la plus modeste auberge du village, on lui