Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/560

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vitré dont la vive lumière éclairait son visage pâle et doux ; la cicatrice circulaire qui s’étendait au-dessus de ses sourcils d’une tempe à l’autre, se voyait alors parfaitement.

Au milieu des émotions si diverses, des événements précipités qui avaient suivi le naufrage, Dagobert, pendant son court entretien avec Gabriel au château de Cardoville, n’avait pu remarquer la cicatrice qui ceignait le front du jeune missionnaire ; mais partageant, alors, la surprise d’Agricol, il lui dit :

— Mais en effet… quelle est cette cicatrice… que tu as là au front ?…

— Et aux mains… Vois donc… mon père, s’écria le forgeron en saisissant une des mains que le jeune prêtre avançait vers lui comme pour le rassurer.

— Gabriel… mon brave enfant, explique-nous cela… Qui t’a blessé ainsi ? ajouta Dagobert.

Et prenant à son tour la main du missionnaire, il examina la blessure pour ainsi dire en connaisseur, et ajouta :

— En Espagne, un de mes camarades a été détaché d’une croix de carrefour, où les moines l’avaient crucifié pour l’y laisser mourir de faim et de soif… Depuis il a porté aux mains des cicatrices pareilles à celles-ci.

— Mon père a raison… On le voit, tu as eu