Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/569

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— Oui, répondit Gabriel absorbé dans ses souvenirs, une femme jeune et belle…

— Et qui était cette femme ? dit Agricol.

— Je ne sais… quand je le lui ai demandé… elle m’a répondu : Je suis la sœur des affligés.

— Et d’où venait-elle ? où allait-elle ? dit Dagobert singulièrement intéressé.

Je vais où l’on souffre…, m’a-t-elle répondu, repartit le missionnaire, et elle a continué son chemin dans le nord de l’Amérique, vers ces pays désolés où la neige est éternelle… et les nuits sans fin…

— Comme en Sibérie…, dit Dagobert devenu pensif.

— Mais, reprit Agricol en s’adressant à Gabriel, qui semblait aussi de plus en plus absorbé, de quelle manière cette femme est-elle venue à ton secours ?

Le missionnaire allait répondre lorsqu’un coup discrètement frappé à la porte de la chambre, renouvela les craintes qu’Agricol oubliait depuis l’arrivée de son frère adoptif.

— Agricol, dit une voix douce derrière la porte, je voudrais te parler à l’instant même…

Le forgeron reconnut la voix de la Mayeux, et alla ouvrir.

La jeune fille, au lieu d’entrer, se recula