Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/59

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Il est inutile de dire maintenant par suite de quelles singulières circonstances Morok avait abandonné ce rude métier pour une autre profession, et était enfin entré, comme catéchumène, dans une maison religieuse de Fribourg ; après quoi, bien et dûment converti, il avait commencé ses excursions nomades avec une ménagerie dont on ignorait l’origine.

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Morok se promenait toujours dans son grenier.

La nuit était venue.

Les trois personnes dont il attendait si impatiemment l’arrivée ne paraissaient pas.

Sa marche devenait de plus en plus nerveuse et saccadée.

Tout à coup il s’arrêta brusquement, pencha la tête du côté de la fenêtre et écouta. Cet homme avait l’oreille fine comme un sauvage.

— Les voilà !… s’écria-t-il.

Et sa prunelle fauve brilla d’une joie diabolique. Il venait de reconnaître le pas d’un homme et d’un cheval.

Allant au volet de son grenier, il l’entr’ouvrit prudemment, et vit entrer dans la cour de l’auberge les deux jeunes filles à cheval, et le vieux soldat qui leur servait de guide.

La nuit était venue, sombre, nuageuse ; un