— Je ne le connais pas personnellement, mais il a épousé une personne de notre famille…
— Quel bonheur !… s’écria le forgeron, alors ces deux demoiselles que mon père a ramenées de Russie… sont vos parentes…
— Le maréchal a deux filles ? demanda Adrienne de plus en plus étonnée et intéressée.
— Ah ! mademoiselle… deux petits anges de quinze ou seize ans… et si jolies, si douces ! deux jumelles qui se ressemblent à s’y méprendre… Leur mère est morte en exil ; le peu qu’elle possédait ayant été confisqué, elles sont venues ici avec mon père du fond de la Sibérie, voyageant bien pauvrement ; mais il tâchait de leur faire oublier tant de privations à force de dévouement… de tendresse… Brave père !… vous ne croiriez pas, mademoiselle, qu’avec un courage de lion il est bon… comme une mère…
— Et où sont ces chères enfants, monsieur ? dit Adrienne.
— Chez nous, mademoiselle… c’est ce qui rendait ma position si difficile, c’est ce qui m’a donné le courage de venir à vous ; ce n’est pas qu’avec mon travail je ne puisse suffire à notre petit ménage ainsi augmenté… mais si l’on m’arrête ?