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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/624

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— Vous arrêter !… et pourquoi ?

— Tenez, mademoiselle… ayez la bonté de lire cet avis, que l’on a envoyé à la Mayeux,… cette pauvre fille dont je vous ai parlé… une sœur pour moi…

Et Agricol remit à mademoiselle de Cardoville la lettre anonyme écrite à l’ouvrière.

Après l’avoir lue, Adrienne dit au forgeron avec surprise :

— Comment ! monsieur, vous êtes poëte ?…

— Je n’ai ni cette prétention, ni cette ambition, mademoiselle ;… seulement, quand je reviens auprès de ma mère, après ma journée de travail… ou souvent même en forgeant mon fer, pour me distraire ou me délasser, je m’amuse à rimer… tantôt quelques odes, tantôt des chansons.

— Et ce Chant des Travailleurs, dont on parle dans cette lettre, est donc bien hostile, bien dangereux ?

— Mon Dieu ! non, mademoiselle, au contraire, car moi j’ai le bonheur d’être employé chez M. Hardy qui rend la position de ses ouvriers aussi heureuse que celle de nos autres camarades l’est peu… et je m’étais borné à faire en faveur de ceux-ci qui composent la masse, une réclamation chaleureuse, sincère, équitable, rien de plus ; mais vous le savez