Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/625

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peut-être, mademoiselle, dans ce temps de conspiration et d’émeute souvent on est incriminé, emprisonné légèrement… Qu’un tel malheur m’arrive… que deviendront ma mère… mon père… et les deux orphelines que nous devons regarder comme de notre famille jusqu’au retour du maréchal Simon ?… Aussi, mademoiselle, pour échapper à ce malheur, je venais vous demander, dans le cas où je risquerais d’être arrêté, de me fournir une caution ; de la sorte que je ne serais pas forcé de quitter l’atelier pour la prison, et mon travail suffirait à tout, j’en réponds.

— Dieu merci, dit gaiement Adrienne, ceci pourra s’arranger parfaitement ; désormais, monsieur le poëte, vous puiserez vos inspirations dans le bonheur et non dans le chagrin… triste Muse !… D’abord, votre caution sera faite.

— Ah ! mademoiselle… vous nous sauvez.

— Il se trouve ensuite que le médecin de notre famille est fort lié avec un ministre très-important (entendez-le comme vous voudrez, dit-elle en souriant, vous ne vous tromperez guère) ; le docteur a sur ce grand homme d’État beaucoup d’influence, car il a toujours eu le bonheur de lui conseiller, par raison de santé, les douceurs de la vie privée, la veille du jour où on lui a ôté son portefeuille. Soyez donc par-