Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/174

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

bien prononcer ce mot épouvantable… la folie prend le dessus et tantôt éclate en transports furieux, sauvages.

— Comme la femme… de là-haut…, murmura Adrienne.

Et, le regard brûlant, fixe, elle leva lentement son doigt vers le plafond.

— Tantôt, dit le médecin, effrayé lui-même de l’effroyable conséquence de ses paroles, mais cédant à la fatalité de sa situation, tantôt la folie est stupide, brutale ; l’infortunée créature qui en est atteinte ne conserve plus rien d’humain, elle n’a plus que les instincts des animaux ;… comme eux… elle mange avec voracité, et puis comme eux elle va et vient dans la cellule où l’on est obligé de la renfermer… C’est là toute sa vie… toute…

— Comme la femme… de là-bas…

Et Adrienne, le regard de plus en plus égaré, étendit lentement son bras vers la fenêtre du bâtiment que l’on voyait par la croisée de sa chambre.

— Eh bien ! oui !… s’écria M. Baleinier, comme vous, malheureuse enfant… ces femmes étaient jeunes, belles, spirituelles ; mais, comme vous, hélas ! elles avaient en elles ce germe fatal de l’insanité, qui, n’ayant pas été détruit à temps…