Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/186

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— Ni moi non plus, ma sœur. Nous tâchons de ne rien faire qui puisse déplaire à notre mère qui nous voit et nous entend… ; nous aimons ceux qui nous aiment, nous ne haïssons personne, nous nous résignons à tout ce qui nous arrive… quel mal peut-on nous reprocher ?

— Aucun ; mais, vois-tu, ma sœur, nous pourrions en faire involontairement…

— Nous ?

— Oui… et c’est pour cela que je te disais : Je crains que nous ne soyons cause des inquiétudes de la femme de Dagobert.

— Comment donc cela ?

— Écoute, ma sœur… hier, madame Françoise a voulu travailler à ces sacs de grosse toile… que voilà sur la table…

— Oui… et au bout d’une demi-heure, elle nous a dit bien tristement qu’elle ne pouvait pas continuer… qu’elle n’y voyait plus clair… que ses yeux étaient perdus…

— Ainsi elle ne peut plus travailler pour gagner sa vie…

— Non, c’est son fils… M. Agricol, qui la soutient… il a l’air si bon, si gai, si franc, et si heureux de se dévouer pour sa mère… Ah ! c’est bien le digne frère de notre ange Gabriel !…

— Tu vas voir pourquoi je te parle du tra-