Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/214

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Chartres la paye de la semaine d’Agricol. C’est tout ce qu’il y avait d’argent à la maison ; je suis sûre que mon pauvre enfant n’a pas un sou sur lui… et en prison il a peut-être besoin de quelque chose… Tu vas prendre ma timbale et mon couvert d’argent… les deux paires de draps qui restent et mon châle de bourre de soie qu’Agricol m’a donné pour ma fête ; tu porteras le tout au mont-de-piété… Je tâcherai de savoir dans quelle prison est mon fils… et je lui enverrai la moitié de la petite somme que tu rapporteras… et le reste… nous servira… en attendant mon mari. Mais quand il reviendra… comment ferons-nous ?… Quel coup pour lui !… et avec ce coup… la misère… puisque mon fils est en prison… et que mes yeux sont perdus… Seigneur, mon Dieu… s’écria la malheureuse mère avec une expression d’impatiente et amère douleur, pourquoi m’accabler ainsi ?… j’ai pourtant fait tout ce que j’ai pu pour mériter votre pitié… sinon pour moi, du moins pour les miens.

Puis, se reprochant bientôt cette exclamation, elle reprit :

— Non, non, mon Dieu ! je dois accepter tout ce que vous m’envoyez. Pardonnez-moi cette plainte, et ne punissez que moi seule.

— Courage, madame Françoise, dit la Mayeux,