Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/217

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conséquences forcées d’un trafic ignoble et sacrilège, une de ces indignes scènes si fréquentes lorsqu’il s’agit de l’enterrement du pauvre qui ne peut payer ni cierges, ni grand’messe, ni violons, car il y a maintenant des violons pour les morts.[1]

Le vieillard tendit la main au bedeau pour recevoir de lui le goupillon.

— Tenez… et faites vite, dit l’homme de sacristie en soufflant dans ses doigts.

L’émotion du vieillard était profonde, sa faiblesse extrême ; il resta un moment immobile, tenant le goupillon serré dans sa main tremblante. Dans cette bière était sa fille… la mère de l’enfant en haillons qui pleurait à côté de lui… Le cœur de cet homme se brisait à la pensée de ce dernier adieu… Il restait sans mouvement… des sanglots convulsifs soulevaient sa poitrine.

— Ah çà ! dépêchez-vous donc ! dit brutalement le bedeau ; est-ce que vous croyez que nous allons coucher ici[2] ?

Le vieillard se dépêcha.

Il fit le signe de la croix sur le cercueil, et, se baissant, il allait placer le goupillon dans la

  1. À Saint-Thomas-d’Aquin.
  2. Historique.