Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/414

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grand bureau à cylindre, placé au milieu d’un cabinet très-simplement, mais très-confortablement meublé ; un excellent feu brillait dans la cheminée de marbre ; un moelleux tapis recouvrait le plancher.

La supérieure, à qui on remettait chaque jour toutes les lettres adressées soit aux sœurs, soit aux pensionnaires du couvent, venait d’ouvrir les lettres des sœurs, selon son droit, et de décacheter très-dextrement les lettres des pensionnaires, selon le droit qu’elle s’attribuait, à leur insu, mais toujours, bien entendu, dans le seul intérêt du salut de ces chères filles, et aussi un peu pour se tenir au courant de leur correspondance, car la supérieure s’imposait encore le devoir de prendre connaissance de toutes les lettres qu’on écrivait du couvent, avant de les faire mettre à la poste.

Les traces de cette pieuse et innocente inquisition disparaissaient très-facilement, la sainte et bonne mère possédant tout un arsenal de charmants petits outils d’acier ; les uns très-affilés servaient à découper imperceptiblement le papier autour du cachet, puis la lettre ouverte, lue et replacée dans son enveloppe, on prenait un autre gentil instrument arrondi, on le chauffait légèrement et on le promenait sur le contour de la cire du cachet