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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/436

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me comprenez, n’est-ce pas, ma chère fille ?

— Oui… oui… ma mère…, dit la Mayeux de plus en plus embarrassée.

Elle avait trop de droiture et de sagacité pour ne pas trouver que cette manière d’assurance mutuelle sur la moralité des maîtres et des serviteurs ressemblait à une sorte d’espionnage intime, d’espionnage du foyer domestique, organisé sur une vaste échelle et exécuté par les protégées de l’œuvre presque à leur insu ; car il était en effet difficile de déguiser plus habilement à leurs yeux cette habitude de délation à laquelle on les dressait sans qu’elles s’en doutassent.

— Si je suis entrée dans ces longs détails, ma chère fille, reprit la mère Sainte-Perpétue, prenant le silence de la Mayeux pour un assentiment, c’est afin que vous ne vous croyiez pas obligée de rester malgré vous dans une maison où, contre notre attente, je vous le répète, vous ne trouveriez pas continuellement de saints et pieux exemples… Ainsi la maison de madame de Brémont, à laquelle je vous destine, est une maison tout en Dieu… Seulement on dit, et je ne veux pas le croire, que la fille de madame de Brémont, madame de Noisy, qui depuis peu de temps est venue habiter avec elle, n’est pas d’une conduite parfaitement exemplaire, qu’elle