Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/459

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habitent séparément, l’une au rez-de-chaussée, l’autre au premier étage, un secret pressentiment m’a dit que je voyais en elles les orphelines dont M. Agricol m’avait parlé et qui déjà m’intéressaient vivement, car elles sont mes parentes.

— Elles, vos parentes ? mademoiselle.

— Sans doute… Aussi, ne pouvant faire plus, j’avais tâché de leur exprimer par signes combien leur sort me touchait ; leurs larmes, l’altération de leurs charmants visages me disaient assez qu’elles étaient prisonnières dans le couvent, comme je le suis moi-même dans cette maison.

— Ah ! je comprends, mademoiselle… victime de l’animosité de votre famille, peut-être ?

— Quel que soit mon sort, je suis bien moins à plaindre que ces deux enfants… dont le désespoir est alarmant. Leur séparation est surtout ce qui les accable davantage ; d’après quelques mots que l’une d’elles m’a dits tout à l’heure, je vois qu’elles sont comme moi victimes d’une odieuse machination… Mais, grâce à vous… il sera possible de les sauver. Depuis que je suis dans cette maison, il m’a été impossible, je vous l’ai dit, d’avoir la moindre communication avec le dehors… On ne m’a laissé ni plume ni papier, il m’est donc impossible d’écrire. Mainte-