Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/505

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— Tes mains, chère mère…

Et Agricol, prenant les mains débiles de sa mère dans les siennes, essaya de les réchauffer de son haleine.

Rien n’était plus touchant que ce tableau… que de voir ce robuste garçon à la figure énergique et résolue, alors empreinte d’une expression de tendresse adorable, entourer des attentions les plus délicates cette pauvre vieille mère pâle et tremblante.

Dagobert, bon comme son fils, alla prendre un oreiller, l’apporta et dit à sa femme :

— Penche-toi un peu en avant, je vais mettre cet oreiller derrière toi ; tu seras mieux, et cela te réchauffera encore.

— Comme vous me gâtez tous deux ! dit Françoise en tâchant de sourire ; et toi surtout, es-tu bon… après tout le mal que je t’ai fait ! dit-elle à Dagobert.

Et dégageant une de ses mains d’entre celles de son fils, elle prit la main du soldat, sur laquelle elle appuya ses yeux remplis de larmes ; puis elle dit à voix basse :

— En prison, je me suis bien repentie… va…

Le cœur d’Agricol se brisait en songeant que sa mère avait dû être momentanément confondue dans sa prison avec tant de misérables créatures… elle, sainte et digne femme… d’une