Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/506

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pureté si angélique… Il allait, pour ainsi dire, tâcher de la consoler d’un passé si douloureux pour elle ; mais il se tut, songeant que ce serait porter un nouveau coup à Dagobert. Aussi reprit-il :

— Et Gabriel, chère mère ?… comment va-t-il, ce bon frère ? Puisque tu viens de le voir, donne-nous de ses nouvelles.

— Depuis son arrivée, dit Françoise en essuyant ses yeux, il est en retraite… ses supérieurs lui ont rigoureusement défendu de sortir… Heureusement, ils ne lui avaient pas défendu de me recevoir… car ses paroles, ses conseils m’ont ouvert les yeux ; c’est lui qui m’a appris combien, sans le savoir, j’avais été coupable envers toi, mon pauvre mari.

— Que veux-tu dire ? reprit Dagobert.

— Dame ! tu dois penser que si je t’ai causé tant de chagrin, ce n’était pas par méchanceté… En te voyant si désespéré, je souffrais autant que toi, mais je n’osais pas le dire, de peur de manquer à mon serment… Je voulais le tenir, croyant bien faire, croyant que c’était mon devoir… Pourtant… quelque chose me disait que mon devoir n’était pas de te désoler ainsi. « Hélas ! mon Dieu, éclairez-moi ! m’écriai-je dans ma prison, en m’agenouillant et en priant malgré les railleries des autres