Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/546

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à toi, le plus fort est fait… Voici un moyen de fuite assuré pour mes pauvres enfants et pour mademoiselle de Cardoville… Le tout, à cette heure, est de les trouver… sans faire de mauvaise rencontre… Rabat-Joie va marcher devant en éclaireur… Va… va, mon bon chien, ajouta Dagobert, et surtout… sois muet… tais-toi.

Aussitôt l’intelligent animal s’avança de quelques pas, flairant, écoutant, éventant et marchant avec la prudence et l’attention circonspecte d’un limier en quête.

À la demi-clarté de la lune voilée par les nuages, Dagobert et son fils aperçurent autour d’eux un quinconce d’arbres énormes, auquel aboutissaient plusieurs allées. Indécis sur celle qu’ils devaient suivre, Agricol dit à son père :

— Prenons l’allée qui côtoie le mur, elle nous mènera sûrement à un bâtiment.

— C’est juste, allons, et marchons sur les bordures de gazon, au lieu de marcher dans l’allée boueuse ; nos pas feront moins de bruit.

Le père et le fils, précédés par Rabat-Joie, parcoururent pendant quelque temps une sorte d’allée tournante, qui s’éloignait peu de la muraille ; ils s’arrêtaient çà et là pour écouter… ou pour se rendre prudemment compte,