Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/552

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— Appeler au hasard, dit Dagobert, c’est donner l’éveil si nous nous adressons mal.

— Mon Dieu, mon Dieu, reprit Agricol avec une angoisse croissante, être arrivés ici, sous leurs fenêtres… et ignorer… !

— Le temps presse, dit vivement Dagobert en interrompant son fils, risquons le tout pour le tout.

— Comment, mon père ?

— Je vais appeler Rose et Blanche à haute voix ; désespérées comme elles le sont, elles ne dorment pas, j’en suis sûr ;… elles seront debout à mon premier appel… Au moyen de son drap, attaché à la barre d’appui, en cinq minutes celle qui habite le premier sera dans nos bras. Quant à celle du rez-de-chaussée… si sa fenêtre n’est pas grillée, en une seconde elle est à nous… Sinon, nous aurons bien vite descellé un barreau.

— Mais, mon père… cet appel à voix haute ?

— Peut-être ne l’entendra-t-on pas…

— Mais si on l’entend, tout est perdu.

— Qui sait ? Avant qu’on ait eu le temps d’aller chercher des hommes de ronde et d’ouvrir plusieurs portes, les enfants peuvent être délivrées ; nous gagnons l’issue du boulevard et nous sommes sauvés…