Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/115

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entre ses bras la cassette de bois de cèdre, où étaient renfermées ces valeurs, la posa sur la table, et sortit après avoir échangé un regard affectueux avec Samuel.

Lorsque celui-ci eut déclaré l’énorme chiffre de la somme en question, un silence de stupeur accueillit ses paroles.

Sauf Samuel, tous les acteurs de cette scène se croyaient le jouet d’un rêve.

Le père d’Aigrigny et Rodin comptaient sur quarante millions… Cette somme, déjà énorme, était plus que quintuplée…

Gabriel, en entendant le notaire lire les passages du testament où il était question d’une fortune de roi, et ignorant les prodiges de la capitalisation, avait évalué cette fortune à trois ou quatre millions… Aussi, le chiffre exorbitant qu’on venait de lui révéler, l’étourdissait… Et malgré son admirable désintéressement et sa scrupuleuse loyauté, il éprouvait une sorte d’éblouissement, de vertige, en songeant que ces biens immenses auraient pu lui appartenir… à lui seul…

Le notaire, presque aussi stupéfait que lui, examinait l’état de la caisse de Samuel, et paraissait à peine en croire ses yeux.

Le juif, muet aussi, était douloureusement