Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/130

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Gabriel, étant le seul héritier présent, s’est trouvé nécessairement… forcément, le seul et légitime possesseur de ces biens immenses… énormes… sans doute ; et je m’en réjouis dans ma charité, qu’ils soient énormes, puisque, grâce à eux, beaucoup de misères vont être secourues, beaucoup de larmes vont être taries. Mais voilà que tout à coup monsieur (et le père d’Aigrigny désigna Dagobert), monsieur, dans un égarement que je lui pardonne du plus profond de mon âme, et qu’il se reprochera, j’en suis sûr, accourt, l’injure, la menace à la bouche, et m’accuse d’avoir fait séquestrer, je ne sais où, je ne sais quels parents, afin de les empêcher de se trouver ici… en temps utile…

— Oui, je vous accuse de cette infamie ! s’écria le soldat exaspéré par le calme et l’audace du révérend père, oui… et je vais…

— Encore une fois, monsieur, je vous en conjure, soyez assez bon pour me laisser continuer… vous me répondrez ensuite, dit humblement le père d’Aigrigny, de la voix la plus douce et la plus mielleuse.

— Oui, je vous répondrai et je vous confondrai ! s’écria Dagobert.

— Laisse… laisse… mon père, dit Agricol ; tout à l’heure tu parleras.