Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/158

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réservées, si formalistes, sortit précipitamment de son appartement et descendit quelques-unes des marches de l’escalier, pour accourir au-devant du père d’Aigrigny qui gravissait les degrés d’un air abattu.

La princesse, à l’aspect de la physionomie livide, bouleversée du révérend père, s’arrêta brusquement et pâlit… elle soupçonna que tout était perdu… Un regard rapidement échangé avec son ancien amant ne lui laissa aucun doute sur l’issue qu’elle redoutait.

Rodin suivait humblement le révérend père.

Tous deux, précédés de la princesse, entrèrent bientôt dans son cabinet.

La porte fermée, la princesse, s’adressant au père d’Aigrigny avec une angoisse indicible, s’écria :

— Que s’est-il donc passé ?…

Au lieu de répondre à cette question, le révérend père, les yeux étincelants de rage, les lèvres blanches, les traits contractés, regarda la princesse en face et lui dit :

— Savez-vous à combien s’élève cet héritage que nous croyions de quarante millions ?…

— Je comprends, s’écria la princesse, on nous a trompés… cet héritage se réduit à rien ;… vous avez agi en pure perte.

— Oui, nous avons agi en pure perte, ré-