Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/27

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salutaire, vous aurez donc le double avantage d’aider à son salut, et de vous soustraire, vous, à une punition méritée, mais dont votre zèle envers le prochain vous gagnera la rémission. »

— Sans doute, reprit le père d’Aigrigny de plus en plus effrayé du langage de Gabriel, et en vérité, mon cher fils, tout ceci est conforme à la règle suivie dans nos colléges et aux habitudes des personnes de notre compagnie, qui se dénoncent mutuellement sans préjudice de l’amour et de la charité réciproques, et pour leur plus grand avancement spirituel, surtout quand le supérieur l’a ordonné ou demandé pour la plus grande gloire de dieu[1].

— Je le sais…, s’écria Gabriel, je le sais ; c’est au nom de ce qu’il y a de plus saint et de plus sacré parmi les hommes, qu’ainsi l’on m’encourageait au mal.

— Mon cher fils, dit le père d’Aigrigny en tâchant de cacher sous une apparence de dignité blessée sa terreur secrète et croissante, de vous à moi… ces paroles sont au moins étranges.

À ce moment, Rodin, quittant la cheminée où il s’était accoudé, commença de se promener

  1. Tout ceci est textuellement extrait des Constitutions des Jésuites, Examen général, page 29. (Édit. Paulin, 1843.)