Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/319

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chait de si ténébreux, de si funestes projets ?

Frappée de la rare intelligence du jésuite, sentant sa curiosité vivement excitée par quelques mystérieuses paroles que celui-ci avait dites à dessein, ne s’expliquant pas l’action singulière que cet homme pernicieux exerçait déjà sur son esprit, ressentant une compassion respectueuse en songeant qu’un homme de cet âge, de cette intelligence, se trouvait dans la position la plus précaire, Adrienne lui dit avec sa cordialité naturelle :

— Un homme de votre mérite et de votre cœur, monsieur, ne doit pas être à la merci du caprice des circonstances ; quelques-unes de vos paroles ont ouvert à mes yeux des horizons nouveaux… je sens que, sur beaucoup de points, vos conseils pourront m’être très-utiles à l’avenir ; enfin, en venant m’arracher de cette maison, en vous dévouant aux autres personnes de ma famille, vous m’avez donné des marques d’intérêt que je ne puis oublier sans ingratitude… Une position bien modeste, mais assurée, vous a été enlevée… permettez-moi de…

— Pas un mot de plus, ma chère demoiselle, dit Rodin en interrompant mademoiselle de Cardoville d’un air chagrin ; je ressens pour vous une profonde sympathie ; je m’honore d’être en communauté d’idées avec vous ; je