Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/364

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me force à vous apprendre ce qu’il vous vaudrait peut-être mieux ignorer.

— Parlez, de grâce, monsieur, parlez, dit Adrienne.

Rodin, rassemblant autour de lui Adrienne, Dagobert et la Mayeux, leur dit à voix basse d’un air mystérieux :

— N’avez-vous donc jamais entendu parler d’une association puissante qui étend son réseau sur toute la terre, qui compte des affiliés, des séides, des fanatiques dans toutes les classes de la société… qui a eu et qui a encore souvent l’oreille des rois et des grands… association toute-puissante, qui d’un mot élève ses créatures aux positions les plus hautes, et d’un mot aussi les rejette dans le néant dont elle seule a pu les tirer ?

— Mon Dieu ! monsieur, dit Adrienne, quelle est donc cette association formidable ? Jamais je n’en ai jusqu’ici entendu parler.

— Je vous crois, et pourtant votre ignorance à ce sujet m’étonne au dernier point, ma chère demoiselle.

— Et pourquoi cet étonnement ?

— Parce que vous avez vécu longtemps avec madame votre tante, et vu souvent l’abbé d’Aigrigny.

— J’ai vécu chez madame de Saint-Dizier,