signe les autres acteurs de cette scène plus près de lui, et dit à voix basse, en accentuant lentement ses paroles :
— C’est… la compagnie de Jésus !
Et il tressaillit.
— Les jésuites ! s’écria mademoiselle de Cardoville ne pouvant retenir un éclat de rire d’autant plus franc que, d’après les mystérieuses précautions oratoires de Rodin, elle s’attendait à une révélation selon elle beaucoup plus terrible ; les jésuites ! reprit-elle en riant toujours ; mais ils n’existent que dans les livres ; ce sont des personnages historiques, très-effrayants, je le crois ; mais pourquoi déguiser ainsi madame de Saint-Dizier et M. d’Aigrigny ? Tels qu’ils sont, ne justifient-ils pas assez mon aversion et mon dédain ?
Après avoir écouté silencieusement mademoiselle de Cardoville, Rodin reprit d’un air grave et pénétré :
— Votre aveuglement m’effraye, ma chère demoiselle ; le passé aurait dû vous faire craindre pour l’avenir, car, plus que personne, vous avez déjà subi la funeste action de cette compagnie dont vous regardez l’existence comme un rêve.
— Moi, monsieur ? dit Adrienne en souriant, quoiqu’un peu surprise.