Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/385

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ont été un peu souffrantes… ensuite de leur long voyage ; mais il n’y a rien d’inquiétant dans leur état.

— Mon Dieu !… c’est ma femme… alors… c’est ma femme qui est en danger.

— Du courage, monsieur, dit tristement mademoiselle de Cardoville. Hélas ! il vous faut chercher des consolations dans la tendresse des deux anges qui vous restent.

— Mon général, dit Dagobert d’une voix ferme et grave, je suis venu de Sibérie… seul… avec vos deux filles.

— Et leur mère ! leur mère ! s’écria Pierre Simon d’une voix déchirante.

— Le lendemain de sa mort, je me suis mis en route avec les deux orphelines, répondit le soldat.

— Morte !… s’écria Pierre Simon avec accablement, morte…

Un morne silence lui répondit.

À ce coup inattendu, le maréchal chancela, s’appuya au dossier d’une chaise et tomba assis en cachant son visage dans ses mains.

Pendant quelques minutes, on n’entendit que des sanglots étouffés, car non-seulement Pierre Simon aimait sa femme avec idolâtrie, pour toutes les raisons que nous avons dites au commencement de cette histoire ; mais par un