Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/426

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

présent à me faire changer d’avis. D’ailleurs le bon vieux philosophe, mon nouvel ami, m’a donné à propos de notre Indien, un conseil que vous avez approuvé, vous qui n’êtes pas philosophe, mon cher comte : c’est pendant quelque temps de recevoir chez moi, mais de n’aller chez personne ; ce qui d’abord m’épargnera sûrement l’inconvénient de rencontrer mon royal cousin, et ensuite me permettra de faire un choix rigoureux même parmi ma société habituelle ; comme ma maison sera excellente, ma position fort originale, et que l’on soupçonnera toutes sortes de méchants secrets à pénétrer chez moi, les curieuses et les curieux ne me manqueront pas, ce qui m’amusera beaucoup, je vous l’assure. »

Et comme M. de Montbron lui demandait si l’exil du pauvre jeune tigre indien durerait longtemps, Adrienne lui avait répondu :

« Recevant à peu près toutes les personnes de la société où vous l’aurez conduit, je trouverai très-piquant d’avoir ainsi sur lui des jugements divers. Si certains hommes en disent beaucoup de bien, certaines femmes beaucoup de mal… j’aurai bon espoir… En un mot, l’opinion que je formerai en démêlant ainsi le vrai du faux, fiez-vous à ma sagacité pour cela, abrégera ou prolongera, ainsi