Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/43

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— Vous m’aviez toujours caché, mon père, les véritables fins de la compagnie dans laquelle j’entrais… L’abandon complet de ma volonté que je remettais à mes supérieurs, m’était demandé au nom de la plus grande gloire de Dieu ;… mes vœux prononcés, je ne devais être entre vos mains qu’un instrument docile, obéissant ; mais je devais être employé, me disiez-vous, à une œuvre sainte, belle et grande… Je vous crus, mon père ;… comment ne pas vous croire ?… J’attendis :… un événement funeste vint changer ma destinée… une maladie douloureuse, causée par…

— Mon fils ! s’écria le père d’Aigrigny en interrompant Gabriel, il est inutile de rappeler ces circonstances.

— Pardonnez-moi, mon père, je dois tout vous rappeler ;… j’ai le droit d’être entendu ;… je ne veux passer sous silence aucun des faits qui m’ont dicté la résolution immuable que j’ai à vous annoncer.

— Parlez donc, mon fils, dit le père d’Aigrigny en fronçant les sourcils, et paraissant effrayé de ce qu’allait dire le jeune prêtre, dont les joues, jusqu’alors pâles, se couvrirent d’une vive rougeur.

— Six mois avant mon départ pour l’Amérique, reprit Gabriel en baissant les yeux, vous