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m’avez prévenu que vous me destiniez à la confession… et, pour me préparer à ce saint mystère… vous m’avez remis un livre…

Gabriel hésita de nouveau. Sa rougeur augmenta. Le père d’Aigrigny contint à peine un mouvement d’impatience et de colère.

— Vous m’avez remis un livre, reprit le jeune prêtre en faisant un effort sur lui-même, un livre contenant les questions qu’un confesseur peut adresser aux jeunes garçons… aux jeunes filles… et aux femmes mariées… lorsqu’ils se présentent au tribunal de la pénitence… Mon Dieu ! ajouta Gabriel en tressaillant à ce souvenir, je n’oublierai jamais ce moment terrible ;… c’était le soir… Je me retirai dans ma chambre… emportant ce livre, composé, m’aviez-vous dit, par un de nos pères, et complété par un saint évêque[1]. Plein de respect, de con-

  1. Il nous est impossible, par respect pour nos lecteurs, de donner, même en latin, une idée de ce livre infâme. Voici comment en parle M. Génin, dans son courageux et excellent ouvrage Des Jésuites et de l’Université :

    « J’éprouve un grand embarras en commençant ce chapitre ; il s’agit de faire connaître un livre qu’il est impossible de traduire, difficile de citer textuellement, car ce latin brave l’honnêteté avec trop d’effronterie. En tous cas, j’invoque l’indulgence du lecteur ; je lui promets, en retour, de lui épargner le plus d’obscénités que je pourrai. »

    Plus loin, à propos des questions imposées par le Compendium,