Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/441

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pagna d’un geste si affirmatif, que mademoiselle de Cardoville, déjà ébranlée par les chaleureuses paroles de la jeune fille, en vint à partager ses appréhensions. Puis, quoiqu’elle eût déjà été à même d’apprécier l’intelligence supérieure, l’esprit remarquable de cette pauvre enfant du peuple, jamais mademoiselle de Cardoville n’avait entendu la Mayeux s’exprimer avec autant d’éloquence, touchante éloquence d’ailleurs, qui prenait sa source dans le plus noble des sentiments. Cette circonstance ajouta encore à l’impression que ressentait Adrienne. Au moment où elle allait répondre à la Mayeux, on frappa à la porte du salon où se passait cette scène, et Florine entra.

En voyant la physionomie alarmée de sa camériste, mademoiselle de Cardoville lui dit vivement :

— Eh bien ! Florine… qu’y a-t-il de nouveau ? D’où viens-tu, mon enfant ?

— De l’hôtel de Saint-Dizier, mademoiselle.

— Et pourquoi y aller ? demanda mademoiselle de Cardoville avec surprise.

— Ce matin, mademoiselle (et Florine désigna la Mayeux) m’a confié ses soupçons, ses inquiétudes… je les ai partagés. La visite de M. l’abbé d’Aigrigny chez M. Rodin me paraissait déjà bien grave ; j’ai pensé que si M. Rodin