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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/467

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perdu mes lunettes ; or, par ce demi-jour et surtout à cause de la détestable vue que le travail et les années m’ont faite, il m’est absolument impossible de lire cette lettre fort importante, car on attend de moi une réponse très-prompte, très-simple et très-catégorique… un oui ou un non… L’heure presse ; c’est désespérant… Si encore, ajouta Rodin en appuyant sur ces mots sans regarder Djalma, mais afin que ce dernier les remarquât, si encore quelqu’un pouvait me rendre le service de lire pour moi… mais non… personne… personne…

— Mon père, lui dit obligeamment Djalma, voulez-vous que je lise pour vous ? La lecture finie, j’aurai oublié ce que j’aurai lu…

— Vous ? s’écria Rodin, comme si la proposition de l’Indien lui eût semblé à la fois exorbitante et dangereuse, c’est impossible, prince… vous… lire cette lettre…

— Alors, excusez ma demande, dit doucement Djalma.

— Mais, au fait, reprit Rodin après un moment de réflexion et se parlant à lui-même, pourquoi non ?

Et il ajouta en s’adressant à Djalma :

— Vraiment, vous auriez cette complaisance, mon cher prince ? Je n’aurais pas osé vous demander ce service.