Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/55

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gnie peut vous délier… mais que vous ne pouvez pas vous délier d’elle ?

— Ma démarche vous prouve, mon père… l’importance que j’attache au serment, puisque je viens vous demander de m’en délier… Cependant, si vous me refusiez… je ne me croirais plus engagé ni aux yeux de Dieu ni aux yeux des hommes.

— C’est parfaitement clair, dit le père d’Aigrigny à Rodin.

Et sa voix expira sur ses lèvres, tant son désespoir était profond.

Tout à coup, pendant que Gabriel, les yeux baissés, attendait la réponse du père d’Aigrigny, qui restait immobile et muet, Rodin parut frappé d’une idée subite, en s’apercevant que le révérend père tenait encore à la main son billet écrit au crayon.

Le socius s’approcha vivement du père d’Aigrigny, et lui dit tout bas d’un air de doute et d’alarme :

— Est-ce que vous n’auriez pas lu mon billet ?

— Je n’y ai pas songé, reprit machinalement le révérend père.

Rodin parut faire un effort sur lui-même pour réprimer un mouvement de violent courroux ; puis il dit au père d’Aigrigny d’une voix calme :