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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/554

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mesure en soulevant une de ces questions de compagnonnage qui, de nos jours, font malheureusement encore couler quelquefois tant de sang.

Un assez grand nombre d’ouvriers de M. Hardy, avant d’entrer chez lui, étaient membres d’une société de compagnonnage dite des Dévorants, tandis que les tailleurs de pierres et carriers des environs appartenaient à la société dite des Loups ; or, de tout temps, des rivalités souvent implacables ont existé entre les Loups et les Dévorants, et amené des luttes meurtrières, d’autant plus à déplorer, que, sous beaucoup de points, l’institution du compagnonnage est excellente, en cela qu’elle est basée sur le principe si fécond, si puissant de l’association ; malheureusement, au lieu d’embrasser tous les corps d’état dans une seule communion fraternelle, le compagnonnage se fractionne en sociétés collectives et distinctes dont les rivalités soulèvent parfois de sanglantes collisions[1].

  1. Disons-le à la louange des ouvriers, ces scènes cruelles deviennent d’autant plus rares qu’ils s’éclairent davantage et qu’ils ont plus conscience de leur dignité. Il faut aussi attribuer ces tendances meilleures à la juste influence d’un excellent livre sur le compagnonnage, publié par M. Agricol Perdiguier, dit Avignonais-la-Vertu, compagnon menuisier. (Paris, Pagnerre, 1841, Deux vol.