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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/555

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Depuis huit jours, les Loups, surexcités par tant d’obsessions diverses, brûlaient donc de

    in-18). Dans cet ouvrage, rempli d’érudition et de détails curieux sur les différentes sociétés du compagnonnage, M. Agricol Perdiguier s’élève avec l’indignation de l’honnête homme contre ces scènes de violence capables de nuire à ce qu’il y a d’utile et de pratique dans le compagnonnage. Ce livre, écrit avec une droiture, avec une raison, avec une modération remarquables, est non-seulement un bon livre, mais une noble et courageuse action ; car M. Agricol Perdiguier a eu à lutter longtemps, à lutter vaillamment pour ramener ses frères à des idées sages et pacifiques. Disons enfin que M. Perdiguier a fondé, à l’aide de ses seules ressources, au faubourg Saint-Antoine, un modeste établissement de la plus grande utilité pour la classe ouvrière. — Il loge dans sa maison, modèle d’ordre et de probité, environ quarante ou cinquante compagnons menuisiers, auxquels il professe chaque soir, après le travail de la journée, un cours de géométrie et d’architecture linéaire, appliqué à la coupe du bois. Nous avons assisté à l’un de ces cours, et il est impossible de professer avec plus de clarté, et, il faut le dire, d’être compris avec plus d’intelligence. À dix heures du soir, après quelque lecture faite en commun, tous les hôtes de M. Perdiguier regagnent leur humble réduit (ils sont forcés par le bas prix des salaires de coucher généralement quatre dans la même petite chambre). M. Perdiguier nous disait que l’étude et l’instruction sont de si puissants moyens de moralisation, que depuis six ans il n’a eu à renvoyer qu’un seul de ses locataires. — Au bout de deux ou trois jours, nous disait-il, les mauvais sujets sentent que leur place n’est pas ici, et ils s’en vont d’eux-mêmes. — Nous sommes