Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/608

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pour travailler beaucoup ; maintenant, pour obtenir de gros bénéfices, que faire ? Fabriquer à bon marché, vendre très-cher. Mais pas de bon marché sans l’économie des matières premières, sans la perfection des procédés de fabrication, sans la célérité du travail. Or, malgré ma surveillance, comment empêcher mes ouvriers de prodiguer la matière ? comment les engager, chacun dans sa spécialité, à chercher des procédés plus simples, moins onéreux ? »

— C’est vrai, M. Agricol, comment faire ?

— « Et ce n’est pas tout, dira notre homme ; pour vendre très-cher mes produits, il faut qu’ils soient irréprochables, excellents. Mes ouvriers font suffisamment bien ; ce n’est pas assez : il faut qu’ils fassent des chefs-d’œuvre ! »

— Mais, M. Agricol, une fois leur tâche suffisamment accomplie, quel intérêt auraient les ouvriers de se donner beaucoup de mal pour la fabrique des chefs-d’œuvre ?

— C’est le mot, mademoiselle Angèle, quel intérêt ont-ils ? Notre spéculateur aussi se dit bientôt : « Que mes ouvriers aient intérêt à économiser la matière première, intérêt à bien employer leur temps, intérêt à trouver des procédés de fabrication meilleurs, intérêt à ce que