Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/610

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d’occasion ou d’encouragement ; d’excellents ouvriers, au lieu de perfectionner, d’innover comme ils le pourraient, suivent indifféremment la routine… Quel dommage ! car un homme intelligent, occupé toute sa vie d’un travail spécial, doit découvrir à la longue mille moyens de faire mieux ou plus vite ; je fonderai donc une sorte de comité consultatif, j’y appellerai mes chefs d’atelier et mes ouvriers les plus habiles ; notre intérêt est maintenant commun ; il jaillira nécessairement de vives lumières de ce foyer d’intelligences pratiques… » Le spéculateur ne se trompe pas ; bientôt frappé des ressources incroyables, des mille procédés nouveaux, ingénieux, parfaits, tout à coup révélés par les travailleurs : « Mais, malheureux ! s’écrie-t-il, vous saviez cela, et vous ne me le disiez pas ? Ce qui me coûte depuis dix ans cent francs à fabriquer, ne m’en aurait coûté que cinquante, sans compter une énorme économie de temps. — Mon bourgeois, répond l’ouvrier, qui n’est pas plus bête qu’un autre, quel intérêt avais-je, moi, à ce que vous fassiez ou non une économie de cinquante pour cent sur ceci ou sur cela ? Aucun ; à cette heure, c’est autre chose : vous me donnez, outre mon salaire, une part dans vos bénéfices ; vous me relevez à mes propres yeux en consultant mon