Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/647

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derniers rangs de l’armée jusqu’au premier, pour moi qu’il a comblé de bienfaits, d’affection, il a été plus qu’un héros… il a été un ami, et il y avait autant de reconnaissance que d’admiration dans mon idolâtrie pour lui. Exilé… j’ai voulu partager son exil ; on m’a refusé cette grâce ; alors j’ai conspiré, alors j’ai tiré l’épée contre ceux qui avaient dépouillé son fils de la couronne que la France lui avait donnée.

— Et, dans ta position, tu as bien agi… Pierre ;… sans partager ton admiration, j’ai compris ta reconnaissance… projets d’exil, conspiration, j’ai tout approuvé… tu le sais.

— Eh bien ! cet enfant déshérité, au nom duquel j’ai conspiré il y a dix-sept ans, est maintenant capable de tenir l’épée… de son père…

— Napoléon II ! s’écria le vieillard en regardant son fils avec une surprise et une anxiété extrêmes ; le roi de Rome !

— Roi ? non, il n’est plus roi… Napoléon ? non, il ne s’appelle plus Napoléon ; ils lui ont donné je ne sais quel nom autrichien ;… car l’autre nom leur faisait peur… Tout leur fait peur… Aussi… savez-vous ce qu’ils en font du fils de l’empereur ?… reprit le maréchal avec une exaltation douloureuse ; ils le torturent… ils le tuent lentement…