Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/667

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

après, cria l’horrible femme en se jetant sur la malheureuse enfant et tâchant de lui labourer le visage avec ses ongles, pendant que les rôdeurs de barrières brisaient la glace, la pendule, à coups de bâton, et que les autres s’emparaient de quelques hardes.

Angèle poussait des cris douloureux en se débattant contre Ciboule, et tâchait toujours de défendre la pièce où s’était réfugiée sa mère, qui, penchée en dehors de la fenêtre, appela Agricol à son secours.

Le forgeron était de nouveau aux prises avec le terrible carrier. Dans cette lutte corps à corps, leurs marteaux étaient devenus inutiles ; l’œil sanglant, les dents serrées, poitrine contre poitrine, enlacés, noués l’un à l’autre comme deux serpents, ils faisaient des efforts inouïs pour se renverser ; Agricol courbé tenait sous son bras droit le jarret gauche du carrier, étant parvenu à lui saisir ainsi la jambe en parant un coup de pied furieux ; mais telle était la force herculéenne du chef des Loups, que quoiqu’il fût arc-bouté sur une seule jambe il demeurait inébranlable comme une tour. De la main qu’il avait de libre (l’autre était serrée par Agricol comme dans un étau), il tâchait, par des coups de poing portés en dessous, de briser la mâchoire du forgeron qui, la tête baissée,