Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/105

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je ferais ? Brûlé par l’eau-de-vie, comme je le suis, j’aurais la volonté de travailler que je n’en aurais pas la force ;… je n’ai pas, comme toi, une tête de marbre et un corps de fer ;… mais pour me griser avec de la poudre au lieu de me griser avec autre chose… ça me va, je ne suis plus bon qu’à cet ouvrage-là ;… et puis, ça m’empêche de penser.

— À quoi ?

— Tu sais bien… que quand je pense… je ne pense qu’à une chose…, dit Jacques d’un air sombre.

— La reine Bacchanal ? encore ? dit Morok avec dédain.

— Toujours… un peu ; quand je n’y penserai plus du tout, c’est que je serai mort… ou tout à fait abruti… démon !

— Tu ne t’es jamais mieux porté… et tu n’as jamais eu plus d’esprit… niais ! répondit Morok en attachant son turban.

L’entretien fut interrompu…

Goliath entra précipitamment dans la loge.

La taille gigantesque de cet Hercule avait encore augmenté de carrure ; il était costumé en Alcide ; ses membres énormes, sillonnés de veines grosses comme le pouce, se gonflaient sous un maillot couleur de chair, sur lequel tranchait un caleçon rouge.