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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/201

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— Cardinal Malipieri… cette maladie est trop subite ;… on se défie de moi à Rome ;… vous êtes de la race des Borgia… et votre secrétaire… était chez moi ce matin…

— Malheureux !… qu’ose-t-il dire ?… s’écria le prélat, aussi stupéfait qu’indigné de cette accusation.

Ce disant, le cardinal tâchait de se débarrasser de l’étreinte du jésuite, dont les doigts crispés avaient la roideur du fer.

— On m’a empoisonné…, murmura Rodin.

Et, s’affaissant sur lui-même, il retomba dans les bras du père d’Aigrigny.

Malgré son effroi, le cardinal eut le temps de dire tout bas à celui-ci :

— Il croit qu’on veut l’empoisonner ;… il machine donc quelque chose de bien dangereux ?

La porte du salon s’ouvrit ; c’était le docteur Baleinier.

— Ah ! docteur ! s’écria la princesse, pâle, effrayée, en courant à lui, le père Rodin vient d’être attaqué subitement de convulsions affreuses ;… venez… venez.

— Des convulsions… ce n’est rien, calmez-vous, madame, dit le docteur en jetant son chapeau sur un meuble et en s’approchant à la hâte du groupe qui entourait le moribond.