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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/203

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tre, du prêtre évangélique, que l’on ne saurait assez environner de respect, d’ardente sympathie, de tendre admiration.

Sa figure d’archange, d’une sérénité si douce, offrit un contraste singulier avec tous ces visages contractés, bouleversés par l’épouvante…

Le jeune prêtre faillit être renversé par les fuyards, qui, se précipitant par l’issue qu’il venait d’ouvrir, s’écriaient :

— N’entrez pas… il meurt du choléra… sauvez-vous !

À ces mots, repoussant dans le salon l’évêque qui, resté le dernier de tous, tâchait de forcer la porte, Gabriel courut à Rodin, pendant que le prélat s’échappait par la porte laissée libre.

Rodin, couché sur le tapis, les membres contournés par des crampes affreuses, se tordait dans des douleurs intolérables ; la violence de sa chute avait sans doute réveillé ses esprits, car il murmurait d’une voix sépulcrale :

— Ils me laissent… mourir… là… comme un chien… Oh ! les lâches !… au secours !… personne…

Et le moribond, s’étant renversé sur le dos par un mouvement convulsif, tournant vers le plafond sa face de damné où éclatait un désespoir infernal, répétait encore :