Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/220

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glace pour recommander aux postillons d’aller au pas, de crainte d’accident, la foule étant alors très-compacte ; ce jeune homme était M. de Morinval ; dans le fond de la voiture se trouvaient M. de Montbron et sa nièce, madame de Morinval.

La pâleur et l’altération des traits de la jeune femme disaient assez son épouvante ; M. de Montbron, malgré sa fermeté d’esprit, semblait fort inquiet et aspirait de temps à autre, ainsi que sa nièce, un flacon rempli de camphre.

Pendant quelques minutes la voiture s’avança lentement ; les postillons conduisaient leurs chevaux avec précaution ; soudain une rumeur, d’abord sourde et lointaine, circula dans les rassemblements, et bientôt se rapprocha ; elle augmentait à mesure que devenait plus distinct ce son retentissant de chaînes et de ferraille, son bruyant généralement, particulier aux fourgons d’artillerie ; en effet, une de ces voitures, arrivant par le quai Notre-Dame en sens inverse de la berline, la croisa bientôt.

Chose étrange, la foule était compacte, la marche de ce fourgon rapide ; pourtant, à l’approche de cette voiture, les rangs pressés s’ouvraient par enchantement.

Ce prodige s’expliqua bientôt par ces mots répétés de bouche en bouche :